Voir moins loin

Dans de nombreux exercices de type vision ou focalisation j’entend “quelle est votre objectif final ?”. Non seulement ça finit […]

Dans de nombreux exercices de type vision ou focalisation j’entend “quelle est votre objectif final ?”. Non seulement ça finit par me gêner, mais je m’aperçois que cette question me bloque plus qu’elle me libère. Je viens de me retrouver plusieurs fois à faire accoucher des réponses par une question exactement inverse, consistant à voir moins loin, et même très près de soi. Hop, 3 exemples vécus :

1) Une amie butait à définir une offre de service de luxe, nous faisions un exercice en binôme, et ça allait un peu de tous les côtés en cherchant une “Vision” -avec un grand V. La question qui a tout débloqué : “si je rencontre ce soir un de tes prospects, que puis-je déjà lui vendre que tu puisses lui fournir demain ?“. 3 phrases plus tard, elle avait de quoi avancer, structure de prix, etc.

2) Chercher la vision d’un projet, celle qui dressera haut votre bannière et fera se rallier vos supporters. “Si tu croises ton pote dans un ascenseur à la sortie de la salle, que sais-tu déjà lui dire ?”. Hop, je me suis trouvé décoincé.

3) Un logiciel : “donnez-moi 3 fonctionnalités que vous pourriez utiliser dans la semaine ?”. C’est la base du développement logiciel agile, piloté par la valeur, la question que je répète en leitmotiv à mes clients.

Si cette idée “voir moins loin”, vous vous dites que ça enfonce des portes ouvertes au pied de biche, vous n’avez peut-être pas besoin de l’entendre et tant mieux pour vous. Parce que personnellement, j’ai entendu l’inverse fréquemment -la question de la “représentation dans l’absolu de la finalité ultime de ta vie”- et je pense que le piège est tendu à tout ceux qui se pensent intelligents -nous serions 80% à nous penser au dessus de la moyenne, paraît-il : au lieu de chercher à répondre à la question la plus complexe, celle qui appelle LA réponse, est-ce qu’UNE réponse à une question plus stupide ne serait pas beaucoup plus utile ?

C’est pas la première fois que j’en viens à la conclusion qu’être simplet est plus efficace -David Allen le recommande déjà dans GTD. J’ai l’impression que plus je suis pragmatique, plus je me méfie de mon intelligence. Je suis pressé d’être con.